Logotype du projet de Justin Mertens

L’arche Project 25

Transmettre et accompagner

Justin Mertens

Lauréat 2012-2013

Projet « Géorgie du Sud, La Voie Sauvage »

Portrait

Cela fait 25 ans que je vis en Belgique. Plus précisément dans la campagne namuroise, à deux pas de la forêt ardennaise.
Très tôt actif dans le milieu associatif et orienté vers la protection de la nature, véritable passion, j’ai un parcours plutôt atypique.

Après 5 années d’étude spécialisée, j’ai été diplômé en tant que Technicien en Horticulture. J’ai alors suivi plusieurs formations naturalistes (en 2007-2008), avant de me tourner vers un baccalauréat en agronomie fin 2008.
Ces différentes études m’ont apporté un atout non négligeable me permettant de mieux cerner l’environnement dans lequel nous évoluons, autant que notre impact sur celui-ci.

Suite à un voyage au Canada en février 2009, j’ai été séduit par la beauté et surtout interpellé par la fragilité de ces régions. Voyant enfin de mes yeux ce que j’avais pu lire tant de fois au sujet de l’exploitation forestière canadienne.

De retour de ce voyage, j’ai abandonné mon baccalauréat en agronomie et suis parti en France, dans le sud du Vercors, en mai 2009. Durant une année, j’ai été impliqué dans un projet d’éducation à l’environnement axé sur le sport nature.

Fin mai 2010, je suis parti plusieurs semaines en Norvège m’occuper de chiens de traîneau et les entraîner en vue de compétitions internationales.

Pratiquant la photographie nature en autodidacte depuis maintenant 4 années, je suis toujours impliqué dans la protection de l’environnement et de la biodiversité.

Ma participation à l’Arche Project 25 va dans ce sens. La concrétisation de ce projet sera un formidable tremplin qui, sans aucun doute possible, m’ouvrira de nouveaux horizons. Tant sur le plan humain que sur le plan professionnel !

Le projet
« Géorgie du Sud, La Voie Sauvage »

Portfolio du projet

La biodiversité en danger

La biodiversité est une notion récente, apparue suite à la volonté scientifique de montrer qu’il ne s’agit pas de préserver une espèce en particulier, mais bien de répondre à une rupture globale de notre relation à la nature. Une rupture objectivée par le taux de perte de biodiversité et la vitesse de son érosion, vitesse jamais atteinte depuis que l’homme existe.

Cette chute spectaculaire provient d’une exploitation démesurée des écosystèmes planétaires. L’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire (E.M.) estimait en 2005 que deux tiers de ceux-ci étaient exploités au-delà de leurs capacités.
Si beaucoup de progrès ont été faits pour comprendre les causes de la dégradation de la biodiversité et rendre plus explicites les « bénéfices » que nos sociétés en retirent, cette notion très récente - à peine 25 ans - est par nature très complexe.
Elle souffre par ailleurs d’un manque d’appropriation par les citoyens alors même qu’elle est à l’origine d’une recherche intense et de développements scientifiques importants (et qu’elle vient de faire l’objet de développements politiques conséquents aux Sommets de Nagoya et de Cancún).

Le photographe animalier, acteur de terrain, est en première ligne pour mettre la nature en valeur. Il peut dès lors devenir un maillon essentiel permettant de réduire le manque d’appropriation des citoyens vis-à-vis de cette notion de biodiversité !

Pour cela, il est important d’utiliser tous les moyens de communication actuels permettant de sensibiliser un très large public. Et l’inviter ainsi à s’impliquer plus intensément dans sa protection.
En alliant l’envie de voyage et de découverte à un projet photographique ambitieux, je désire montrer au plus grand nombre des richesses insoupçonnées dans un des coins les plus reculés du globe. Et ainsi, mettre en lumière les dangers qui pèsent sur la Géorgie du Sud, ou, de manière plus générale, sur les Terres Australes.
Car si jusqu’à présent ces régions ont été à peu près préservées, certaines menaces n’en sont pas moins réelles. Il faut donc impérativement continuer d’agir pour éviter qu’elles ne s’amplifient.

Partant du principe que l’on protège mieux ce que l’on connaît, je suis convaincu que ce reportage photographique pourra contribuer à la sauvegarde de la biodiversité en Géorgie du Sud, ou du moins, à lui apporter une visibilité supplémentaire.
La réalisation de ce reportage avec un maximum d’images percutantes sera un formidable vecteur d’émotion, capable de canaliser, de fédérer, des personnes et des idées autour de la préservation de la Géorgie du Sud, et de son environnement extraordinaire à l’équilibre fragile !

Itinéraire

Les déplacements à l’aide du voilier se feront essentiellement à l’est de la Géorgie du Sud. Des escales successives du nord au sud de l’île sont programmées. Une fois à terre, les déplacements rayonneront autour de ces points d’étapes, permettant de pénétrer plus à l’intérieur des terres.

Pourquoi la Géorgie du Sud ?

Certaines contrées peuvent parfois sembler totalement inaccessibles.

Véritable sanctuaire de la Vie Sauvage, isolé du reste du monde, gardé par des vents violents et protégé par des flots impétueux, la Géorgie du Sud fait partie de ces contrées…
Amoureux de la nature depuis près de 20 ans, passionné depuis de nombreuses années par les environnements froids et hostiles, c’est après une recherche fouillée menée durant 1 année et un solide dossier que je suis devenu, en 2012, lauréat de « l’Arche Project 25 » (concours mis en place par le photographe français Gilles Martin) avec mon projet photographique « Géorgie du Sud - La Voie Sauvage ».

La Géorgie du Sud. Sans doute LA destination rêvée par le naturaliste, l’ornithologue ou encore le photographe passionné !
Cette île, confetti de seulement 3755 km carré perdu au coeur de l’océan Austral et cerné par les 50èmes hurlants, se trouve à plus de 1390 km des premières terres habitées par l’homme (les Malouines). Très montagneuse, elle est d’origine volcanique et compte 11 sommets de plus de 2000 mètres d’altitude !
En fonction des saisons, il est possible d’observer des centaines d’espèces différentes - principalement des oiseaux.
Mais au delà du nombre d’espèces, c’est le nombre d’individus qui est impressionnant. Pour citer un exemple, l’île abrite plus de 63 millions d’oiseaux et la plus grande concentration au monde de mammifères marins !
Les principales espèces visibles lors de mon séjour (j’ai pu en observer environ 40 différentes) sur l’île furent ainsi : le magnifique albatros à tête grise (46 % de la population mondiale est présente sur l’île), l’albatros hurleur (15 % de la population mondiale), l’albatros à sourcils noirs, l’albatros fuligineux à dos clair, le manchot papou, le manchot royal, à jugulaire, le prion antarctique, le canard de Géorgie du Sud, le chionis blanc, le cormoran impérial, le damier du cap, le labbe antarctique, le pétrel à menton blanc, le pétrel des neiges, le pétrel géant sub-antarctique, le pipit de Géorgie du Sud et la sterne couronnée.
Concernant les mammifères marins, sont présent des éléphants de mer (350.000, ce qui représente 54 % de la population mondiale), et plus de 2,8 millions d’otaries à fourrure. Différentes espèces de baleines et dauphins gravitent aussi autour de la Géorgie du Sud.
Au niveau de la végétation, le tussac domine (espèce de graminée endémique des Malouines), mais l’on retrouve aussi plus de 200 espèces différentes de lichens et 125 de mousses !
Ce projet, lauréat du concours, allait donc m’ouvrir les portes de nombreuses aventures, tant humaines que d’ordre naturaliste…

De retour Géorgie du Sud, Justin Mertens nous livre quelques impressions de son reportage « Géorgie du Sud, La Voie Sauvage »

C’est ainsi que j’embarquais, au départ de Port Stanley (point de départ aux Malouines) sur un sloop en aluminium de 19 mètres en octobre dernier.
775 miles à parcourir, 6 jours de pleine mer à la voile, des dépressions en série, les 50èmes hurlants, la convergence Antarctique (à 350 km de la Géorgie du Sud, cette ligne d’eau - aussi appelée « Front polaire » - englobant l’Antarctique se caractérise par la rencontre des eaux froides antarctiques et des eaux plus chaudes des régions sub-polaires. La différence de température, de l’ordre de 2 à 6°C, est immédiate une fois passé ce front. La convergence antarctique délimite deux climats et deux écologies marines distincts) et un océan Austral des plus capricieux ! C’est le prix à payer pour approcher ce paradis de la biodiversité…

Durant la traversée, outre plusieurs beaux Icebergs visibles une fois passée la convergence antarctique, ce furent tout d’abord les pétrels géants et les nombreux damiers du Cap qui vinrent louvoyer autour du bateau. Ils furent rapidement rejoints par les premiers albatros hurleurs et à sourcil noir, véritables sentinelles de ces océans, ainsi que par quelques prions colombe et antarctique.
Plusieurs groupes de dauphins de Commerson furent visibles au départ des Malouines, jouant devant l’étrave du navire… Une baleine franche vient aussi nous saluer, à mi parcours, d’un coup de nageoire à la surface de l’eau.
Ainsi se passent les 6 jours de traversée, entre ballets aériens, visites furtives de dauphins et mal de mer (les creux étaient de l’ordre de 2,5 à 5 mètres). Une autre part importante de la vie à bord était la prise des « quarts ». Nous devions alors relever toutes les heures notre position et coordonnées GSP, notre vitesse, l’heure, la visibilité, la météo du moment, et les retranscrire dans le carnet de bord.

Les miles s’enchaînement doucement, au gré des vagues et du vent, et je fais progressivement connaissance avec les autres membres d’équipage (nous sommes 9 à vivre dans les 30 mètres carré du voilier). La traversée me permet de détailler les multiples objectifs de mon reportage ;
Tout d’abord, et j’y suis parvenu, je désirais photographier un maximum d’espèces différentes présentes sur l’île pour pouvoir ensuite en faire bénéficier les scientifiques travaillant sur place, et leur permettre d’obtenir un support visuel qualitatif pour des actions de sensibilisation et de préservation. Ensuite, je désirais sensibiliser le public francophone vis à vis des régions australes, totalement méconnues du grand public par chez nous. Il me semblait important, à mon petit niveau, d’essayer de pallier à ce manquement.
Amener les gens à prendre conscience de ce qui les entoure, que ce soit à côté de chez soi ou dans des régions plus lointaines, offre la possibilité d’agir en vue de préserver notre environnement.
Pour finir, mettre en avant l’incroyable biodiversité présente en Géorgie du Sud et sa protection était aussi un enjeu de taille !

Nous approchons enfin de la Géorgie du Sud, par sa partie nord-ouest, dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 octobre, après une recherche ardue pour trouver le bon passage entre les récifs gardant la crique (crique d’Elsehul) qui abritera le voilier pour le reste de la nuit.
Une fois le jour levé, j’eu la chance de pouvoir observer à l’envi le paysage s’offrant à moi. Découvrir des montagnes plongeant directement dans la mer, presque en a-pic, dans une ambiance brumeuse et grise fut quelque chose d’exceptionnel. Une impression de début du monde. Et déjà le bateau était empli des effluves et des cris de la faune de l’île.
Les otaries à fourrure qui jouent au bord de l’eau, les éléphants de mer qui s’affrontent dans des joutes aussi violentes qu’éphémère, les manchots royaux qui peuplent, par milliers, les rivières dévalant des glaciers alentours, les sternes qui frôlent les crânes, les albatros et pétrels géants qui planent au dessus de cette vie bouillonnante, quel magnifique spectacle.

À la frontière du réel…
Durant presque 14 jours, j’eu l’immense privilège de pouvoir marcher dans les traces des manchots, observer à loisir otaries et éléphants de mer, approcher de jeunes albatros, et même avoir la chance d’observer le nourrissage d’un jeune par le mâle !
Il y a là bas un tel hymne à la vie sauvage que l’on oublierai presque que cet écosystème fabuleux est en danger. D’une part par la pêche intensive et à la palangre (cette dernière est destructrice vis à vis des populations d’albatros), d’autre part par la pollution des eaux et le tourisme, chaque année plus important. Mais aussi par l’introduction, volontaire ou non, d’espèces invasives.
La Géorgie du Sud n’échappe pas à cette règle. A l’âge d’or de l’industrie baleinière (de 1904 à 1965), les Norvégiens introduisirent des rennes, des ânes, des moutons et diverses espèces de plantes. De nos jours, seul subsistent quelques espèces végétale, ainsi que les rennes (dont la population a explosé, faute de prédateur). Ces derniers exercent une forte pression sur le tussac, empêchant la nidification de diverses espèces d’oiseaux, et modifiant l’environnement de l’île en profondeur. Le rat brun, animal de toutes les expéditions des hommes, cause lui aussi d’important dégâts au sein des colonies d’oiseaux.
Pour lutter contre ce fléaux, la plus grande campagne de dératisation jamais organisée dans le monde est en cours sur l’île.
Elle est maintenant entrée dans sa 2ème phase, signe que les scientifiques travaillent en concertation avec le gouvernement en place, en vue de conserver l’écosystème de cette île sauvage !

Durant ces 14 jours d’immersion au coeur de ce monde sauvage, dans l’eau, sur le sable, dans les airs, tout autour de moi, malgré les menaces, c’est la vie qui s’exprimait, c’est la vie qui chantait, et j’eu envie de croire qu’il ne pourrait jamais en être autrement !
C’est ainsi partagé, entre la joie immense d’avoir pu approcher un lieu d’une valeur biologique et environnementale inestimable, et l’inquiétude - malgré tout présente - quand à l’avenir de cette île australe, que j’entamai le trajet du retour.
Il restait à braver, durant les 8 jours qui nous séparaient des Malouines, des vents contraires et une tempête (940 hectopascals, vent de 50 noeud durant 24 heures). J’emportais avec moi des milliers d’images en tête et, sur les cartes mémoires, de la matière pour amener mes proches et le public vers une réflexion bénéfique quand à l’impact de nos gestes quotidiens sur notre environnement. Que ce soit au bas de nos portes… Ou au cœur de l’océan…

L’exposition « Géorgie du Sud, La Voie Sauvage »

Une interview sur naturapics : 
http://www.naturapics.com/justin-mertens-georgie-du-sud-la-voie-sauvage/.

Une expo au Concours Photo Nature de La Reid le 23 Juin :
http://www.concoursphotonaturelareid.be.

Une conférence aux Cercles des Naturalistes de Belgique durant le 1er trimestre 2013.

Une expo au Festival Nature Namur dans le complex de l’Acinapolis à Jambes l’année dernière.

Une soirée diaporama prévue en octobre prochain, avec d’autres photographes, au Musée de la Forêt de Berinzenne : http://www.berinzenne.be.

La sortie d’un livre auto-édité :
http://www.blurb.fr/b/5016416-georgie-du-sud-la-voie-sauvage/.

Un teaser du reportage : http://vimeo.com/63232540.

Les partenaires du projet

Partenaires de Julien Mertens